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les 6b de Gatti
21 mars 2007

Réécriture du dénouement pour Les fausses Innocences, Hanane Harbal

"Désormais, tout était rentré dans l’ordre pour Mathilda."

Ces dernières nuits, je dors dans la chambre de Johanna. Habituellement, il me suffit de m’étendre pour sombrer dans un sommeil profond.  Mais cette fois-ci, je n’ai pas fermé l’œil de la nuit.  La lettre de Roger que j’avais reçue le matin, hantait mon esprit.  Je ne comprenais pas pourquoi il m’avait envoyé ces mots. Il avait trouvé un moyen pour le certificat.

Avait-il découvert ce qui s’était passé ?  Je ne savais plus quoi penser, j’étais seule. Je craignais qu’il m’interroge de nouveau. Qu’allais-je bien pouvoir lui répondre ?  J’étais anéantie.  Alors je me suis assise et mise à boire. Mon seul refuge dans ces moments de dépression est l’alcool.  Ensuite je me suis assoupie, comme le jour du départ d’André.

Il fallait que je prévienne Mathilda pour le certificat de décès. J’ai déposé Joseph puis j’ai roulé jusqu’à la villa.  Je suis descendu de ma jeep.  J’ai regardé par la fenêtre.  La lumière du salon était allumée.  Mathilda dormait.  Je ne voulais pas la réveiller.  J’en ai alors profité pour faire un petit tour dans le garage des Stembert afin d’examiner d’avantage l’Opel. Cette fois je n’ai pas eu besoin de tirer sur la double porte en bois pour entrer.  A mon avis,  elle était restée ouverte depuis ma dernière visite.

Mais que vois-je ?  Non, non, pas d’OPEL,  aucune Opel.  Je n’en crois pas mes yeux.  Où a-t-elle bien pu passer ?

Je devais absolument parler à Mathilda.   J’ai respiré un bon coup, j’ai tourné la poignée et je suis entré. Mathilda s’était réveillée.

-         Je m’excuse, Mathilda, j’ai sûrement dû te faire peur.

-         Non ça va Roger.  Beuh !  Je reviens tout de suite.  Je dois vomir.

Elle avait bu, c’est sûr, son haleine sentait l’alcool.

-         Désolée, Roger.

-         J’ai déposé le certificat de décès ce matin à la maison communale.  Tu n’as plus à t’inquiéter.

-         

-         Je m’en vais, Mathilda.

-          D’accord, merci Roger.

Je restais là planté près de ma jeep. Mais qu’était-il arrivé ? J’ai flanché, j’ai eu peur. Malgré ma détermination, je n’ai rien pu lui dire.

En me réveillant, j’ai trouvé Roger dans ma cuisine. Il m’a dit qu’il avait rendu le certificat. J’ai à peine pu me remettre de mes émotions d’hier, qu’il me lance ça à la figure. Il avait l’air terrorisé, il était pâle. Cela ne lui ressemble pas.  Il  ne dévoile jamais ses peurs. Il garde toujours ses sentiments en lui, il n’en parle à personne, mais peut les écrire. 

Aujourd’hui, j’ai tellement envie de savoir ce qu’il pense.  J’aimerais qu’il m’écrive comme autrefois.

C’est André qui, lorsque je démarrais ma jeep, est apparu près de moi. Il me suit partout. Je sens son âme en permanence.  Il m’effraie toujours et encore. J’ai arrêté brusquement la voiture, je suis descendu de la jeep.  J’ai ouvert la porte du salon.

Ma mère était là assise.  Elle avait une tête d’enterrement.

-         Maman, ça va ?

-         Où étais-tu passé Roger ?

-         Chez…, je buvais un verre avec des amis.

-         Dehors, comme toujours.

-         

- J’ai quelque chose à te dire

J’ai d’abord regardé autour de moi afin d’être sûr qu’elle s’adressait à moi.

-         Assieds-toi près de moi, Roger.

J’ai retiré ma veste, l’ai accrochée au portemanteau et me suis installé près de maman. Il arrive rarement que l’on discute ensemble. Mais elle m’avait l’air contrariée.  Je l’ai alors écoutée attentivement.

-         J’ai, j’ai…, je suis la coupable.

-         

-         J’ai tué André.  Je l’ai tué.

-         Quoi? Mais, maman, pourquoi ?

-         Il a trahi ma fille. Elle l’aimait.  Elle avait besoin de lui.  Elle a perdu Johanna.  Il était son seul espoir pour continuer à vivre. Tu te rends compte Roger. Il avait Mathilda et il est parti.  Il a abandonné ma fille, ma chérie, ma moitié.  Il ne pouvait pas lui faire ça, surtout après ce qu’elle a vécu ici.

-         Ce qu’elle a vécu ici ?

-         Oui, Roger

-         Johanna était…

-          Etait?

-         Ta demi-sœur.

-         Ma demi- sœur ?

-         Ton père violait ma fille adorée et elle est tombée enceinte de lui.

  Entendant ces dernières phrases, j’ai frémi.  Mon cœur battait à toute allure. J’avais eu une sœur et Mathilda était sa mère ! Je ne pouvais le croire.

Sans prononcer un mot, je me suis levé et me suis isolé pour écrire. Maman se fichait bien de ma réaction, ce qui lui importait, c’était que je laisse sa fille, Mathilda, tranquille.

J’ai reçu une lettre de Roger ce matin. Maman Muller lui avait révélé toute la vérité. Le viol, le meurtre et l’identité de Johanna. Il m’a également avoué qu’il me soupçonnait d’avoir tué André.    Il m’expliquait dans sa lettre qu’il avait rencontré André cette nuit-là ! Il l’avait ramené à la villa après son petit accident. Voilà pourquoi il était revenu. A son retour, Maman Muller l’a aperçu et a tiré sur lui. J’ai assisté à cette scène mais j’ai voulu aider Maman Muller pour tout l’amour qu’elle m’a porté.

J’ai répondu à la lettre de Roger. C’est ainsi que mous avons commencé à nous écrire régulièrement.

Six moi plus tard

Nous célébrons Roger et moi notre mariage la semaine prochaine à l’Eglise. Apres tant d’années, nos cœurs vont s’unir.

En ce moment il emménage dans la villa.  Il transporte des meubles pour lui et le bébé. Je suis enceinte de trois mois.  Je suis épanouie.

Enfin je goûte au bonheur. Que puis-je rêver de mieux ? Une femme, un enfant. Je vais vivre dans la villa.   J’ai commencé à emménager après l’enterrement de maman.  C’est d’ailleurs en raison de son décès que nous avons décidé de vivre ensemble pour alléger notre souffrance.  Maman avait tué André pour avoir trompé Mathilda. Mais moi, je ne la trahirai jamais.  Je l’aime trop pour ça.

Fin

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